Une présence
C’est une rencontre bien singulière que fit Gerry en la personne d’Elfée : iel évoque, par-delà une forme de nostalgie apparente, une pure et lumineuse présence, comme cet ancien amant dont Gerry s’est éloigné avant de se marier à sa femme ; iel refuse le vouvoiement et toute forme de promiscuité ; iel investit les objets d’une conscience et écoute le gémissement lointain des arbres. Gerry ne veut alors plus que se fondre dans cette présence, qui semble coexister avec son corps autant qu’elle est en accord avec le monde. Il divorce de sa femme et attend, année après année, la fin de son travail sur les chantiers qu’il déteste tant, afin que dans sa retraite ils soient enfin rien qu’à eux-mêmes. Mais son corps, ce corps si fragile, tiendra-t-il seulement jusque-là ? Alors Elfée observe cet homme en lequel des éclats d’enfance jaillissent parfois encore, comme pour refuser un ordre du monde où il ne serait pas lui-même. Et iel espère qu’il saura échapper au sommeil du cercle des fées.