Tilt
Airnin, Olan et Eanna : trois frères et sœurs aux corps couverts de balafres visibles, comme des vestiges d’un temps pas si révolu. Au-dehors de toute époque et de tout lieu bien défini, leurs souvenirs d’enfance défilent : il était heureux, ce temps où ils avaient, dans leur grande maison, un court de tennis, un bar bien fourni, une salle de jeux et une piscine derrière la maison. Puis on se rappelle la mère, ses séjours aux urgences, son addiction de plus en plus violente à l’alcool, ses tentatives de fuite en laissant ses enfants derrière elle, son corps ensanglanté flottant dans la piscine. Puis on se rappelle le père, ce père dont on subissait la terreur quotidienne, qui meurtrissait les chairs aussi indifféremment qu’il brisait les os, que l’on voulait voir mort jour après jour.
Mais maintenant que tout cela est terminé, pourquoi subsiste ce besoin obsessif et irrépressible de ressasser encore et encore cette enfance brisée ? Alors on passe sa vie à tenter de se souvenir, d’oublier et de chercher un sens à tout ça.