Julien
Lukas Bärfuss adapte pour la première fois un classique mondiale de la littérature au théâtre. Fasciné par le personnage de Julien, il revisite l'histoire du protagoniste de Le Rouge et le noir de Stendhal. Le rouge est la couleur de la passion et de l'amour, le noir est la couleur du clergé et du conservatisme : le destin de Julien est marqué par ces deux couleurs.
« Julien est intelligent, sensible, beau. Son père l'envoie chez les curés pour qu’il soit éduqué et qu'il puisse travailler comme précepteur des enfants du maire, l'homme le plus riche du village. La femme du maire a trente ans, mais elle se sent déjà comme morte. Morte de son mariage. La seule chose qu'elle peut offrir à Julien, c'est son corps. Rapidement, le jeune homme apprend les techniques de la tromperie et se rend compte de la fourberie et la faiblesse de l’homme. Les gens sont ébahis des prouesses de Julien, qui peut notamment réciter la Bible par cœur. Cependant, sa fierté et son désir de s’élever socialement lui causent son renvoi de la maison. Vexé, il a besoin de quitter cette province, loin de cette femme. Ainsi, il disparaît dans les lumières de la capitale, dans la maison d'un faiseur de roi. La fille de celui-ci voit en Julien un nouveau passe-temps. Elle le préférerait aux nombreux prétendants qui font la queue pour obtenir ses faveurs, tous descendants de lignées mourantes. Contrairement à ces hommes de haut rang, elle sait que Julien ne ruinera pas ses ambitions. Le marquis pense qu’un homme au sang-froid lui sera utile, et c’est ainsi que Julien obtient la main de sa fille. Mais son comportement froid ne fait que s’amplifier jusqu’à ce que la glace de son époque ait entièrement gelé son cœur et lui fasse perdre la tête. Car la passion, ce mal, ce sang chaud, cette semence qui engendre à la fois des enfants et le désir de vengeance - les vieilles histoires, les blessures honnêtes dans un cœur faux, ou les blessures fausses dans un cœur honnête, elles lui coûteront la tête, très bientôt. Qu'est-ce qui le tue ? La vengeance ? Sa colère brute face à la trahison ? L'impossibilité d'aimer ? L'a-t-il mérité ? Son destin ? Julien veut éliminer la traîtresse du monde des mortels en lui tirant une balle dans le cœur. Les juges auraient peut-être pardonné à Julien si sa victime n'avait pas recouvert l'autel de son sang écarlate. Des cœurs et des baisers brûlants, des coups de feu dans une église ! La tête qui est capable de telles absurdités doit être coupée. » (Lukas Bärfuss)