Jean la Chance
(Hans im Gluck)
Cinq esquisses dramatiques de Brecht, jusqu’ici inédites en français. Toutes écrites pendant les cinq années qui suivirent la Première Guerre mondiale. Une période extraordinairement prolifique. D’aucuns prétendent que ce fut sa plus grande : Baal, Tambours dans la nuit, Un homme est un homme, et ce n’est pas fini. Car c’est après la chute du Mur qu’on a découvert dans les archives à Berlin-Est des textes écrits au début des années vingt, qui collaient mal avec l’angle sous lequel Brecht lui-même voyait ses pièces vers la fin de sa vie ; cette idée d’un théâtre didactique destiné à éclairer le public.
La pièce Jean la Chance est une pièce quasiment complète et, osons le dire, une œuvre inoubliable : elle raconte les aventures d’un brave garçon, gentil mais étonnamment naïf. Jean la Chance relève tout l’irrespect des premières pièces de Brecht envers la dramaturgie de son époque. Elle est d’une grande sensualité, la nature y joue un rôle important, et l’apparente simplicité des dialogues est plus que trompeuse. Tout l’art de Brecht se révèle dans le portrait de ce surprenant Jean dont on ne sait pas s’il est seulement naïf ou s’il appartient plutôt à un autre univers philosophique, bouddhiste peut-être.