Guillaume Tell
(Wilhelm Tell)
Guillaume Tell est la dernière pièce de Schiller et la plus populaire. Sa vigueur poétique et dramatique est incontestable – l’auteur donne tout de suite le ton avec une description idyllique de la vie montagnarde subitement interrompue par un homme en fuite, ayant commis un meurtre pour défendre sa femme. Et son sujet est immortel : la liberté. L’extraordinaire tension qui se fait sentir au cours de la pièce est certes due au conflit entre les prévôts du régime habsbourgeois et le peuple suisse. Mais au centre on trouve un individu, Guillaume Tell, qui, pour son propre bonheur et celui des siens, affronte le pouvoir et lui tient tête.
Deux mouvements complémentaires se superposent donc, l’un social, l’autre personnel. Le conflit personnel – Tell ne salue pas le chapeau que le bailli a fait pendre à un mât – a pour arrière-fond la contestation générale de tous les représentants du peuple qui refusent l’asservissement par le régime autrichien. Le contraste entre les deux actions est frappant. En 1804, peu de temps avant sa mort, Schiller se trouvait désormais convaincu que seul l’effort individuel vers le beau et le bien peut amener l’humanité sur la voie du progrès ; en tout cas plus efficacement que l’action politique et sociale, à l’époque irréalisable en Allemagne et déjà décevante en France.