Face de cuillère
(Spoonface Steinberg)
Plus la technique progresse, plus elle pénètre dans les entrailles de notre vie quotidienne, et moins nous sommes confrontés à la souffrance des malades ; les morts disparaissent au plus vite dans la mécanique bien huilée des services funèbres. C’est une aliénation de plus en plus profonde entre ceux qui peuvent pleinement « profiter » de leur vie et les autres, qui dérangent en quelque sorte.
Quand il s’agit d’un enfant, le problème s’aggrave, devient presque un tabou. Parler de la souffrance d’un enfant, et en particulier d’un enfant dit « anormal », relève de l’insoutenable. Avec Face de Cuillère, monologue d’un enfant condamné, Lee Hall a écrit une de ces pièces dérangeantes. Mais il a le talent rare de jongler avec tous les ingrédients du mélodrame sans que cela devienne, ne serait-ce qu’un instant, mélodramatique. Pour cela, il possède une arme féroce : l’humour, cette faculté de surmonter les situations les plus désespérantes par l’esprit.
* texte accessible aux adolescents