Beach House
De ce côté-ci de l’Atlantique, deux adolescents d’une cité, frère et sœur jumeaux, ont décroché un ticket de tombola gagnant à la fête foraine, le jour de leur anniversaire. Persuadés que la chance leur sourit, ils viennent de remporter un séjour dans une « beach house » en Floride, au bord du Golfe du Mexique. Une beach house toute recouverte de planches de bois bleu ciel, telle qu’ils l’ont vue sur une affiche. Ronny, qui s’est prostitué pour se payer son ticket, et Taylor, qui porte une attelle sur le nez à la suite d’une opération de chirurgie esthétique, sont confrontés à la réalité matérielle. Dans l’attente de la lettre au gagnant, Ronny se prend d’affection pour un client régulier qui se plaît à l’étrangler et Taylor offre sa compagnie à un producteur cynique nommé Fernando. En échange, il lui offre la possibilité de tourner dans des vidéoclips d’une violence extrême. Leur mère souffre de rhumatismes. Elle ne cesse de fredonner ABBA (Fernando) en espagnol et prétend avoir vécu la révolution mexicaine un siècle auparavant. Les sévices subis par les deux jeunes laissent de plus en plus de traces, tandis qu’est évoquée en filigrane l’agression d’une factrice par Ronny – un geste accompli dans un accès de fureur désespérée. La pièce s’achève sur le rapprochement des deux enfants et de leur mère dans un aveuglement commun face au constat d’une vie misérable, et dans la croyance persistante en l’imminence d’un bonheur, avant tout matériel, qui n’adviendra pas.