Prix de la justice et de l'humanité
Voltaire, né en 1694, a 83 ans en 1777. Sans perdre contact avec le monde, il s’est retiré à Ferney, auréolé de sa gloire de romancier, de philosophe pamphlétaire et surtout d’auteur tragique.
Cette année-là, la Société économique de Berne, dont il est membre, met au concours ce sujet : « Composer et rédiger un plan complet et détaillé de la législation sur les matières criminelles [...] en sorte que la douceur de l’instruction et des peines soit conciliée avec la certitude d’un châtiment prompt et exemplaire, et que la société trouve la plus grande sûreté possible pour la liberté et l’humanité. »
Voltaire reprend et résume avec une vigueur nouvelle ses idées sur les lois. Ainsi naît Prix de la justice et de l’humanité. La question de la peine de mort en est le centre de gravité. En elle se concentrent deux travers majeurs de la loi : la disproportion et, souvent, l’inutilité des peines. Par des exemples, Voltaire traque ces deux vices dans le mécanisme légal et en note partout les dégâts et les absurdités. Le temps est venu, dit Voltaire, d’instituer une loi de raison, une loi de vertu, une loi laïque enfin, qui extirpe en droit l’idée même d’hérésie.