Le Mythe du progrès
« Le pas collectif du genre humain s’appelle le progrès. Le progrès marche », disait Hugo. Aucun mot, semble-t-il, n’a été pareillement usé et mésusé depuis que le terme s’est installé dans notre vie intellectuelle et sociale. Tout nouveau produit, toute nouvelle législation sont vantés comme un progrès, un progrès en bien naturellement : notre société ne semble plus capable d’échapper au progrès.
Mais cette supposition d’une ascension qui rapproche indéfiniment d’un terme idéal est, malheureusement, hautement problématique. Georg Henrik von Wright, philosophe finlandais, successeur de Ludwig Wittgenstein à la chaire de philosophie de Cambridge, a voulu trouver dans notre passé historique les forces qui ont dirigé l’évolution jusqu’à notre époque. Pour « dissiper le brouillard qui plane sur la croyance au progrès », von Wright montre comment ce terme évolue depuis la Renaissance. Comment il est étroitement lié aux Lumières et à celui de « modernité ».
Von Wright dont l'œuvre est peu connue en France, est un penseur important. Influencé par le positivisme du Cercle de Vienne, notamment par la logique de Carnap, il se rapproche de plus en plus, au fur et à mesure de ses travaux, de la pensée de Wittgenstein, pourtant aux antipodes. Cet antagonisme rend sa pensée particulièrement riche.