La Maison des coeurs brisés
(Heartbreak House)
Vieille demeure aristocratique, action discontinue où aucun personnage ne joue un rôle de premier plan : on pense, bien sûr, à La Cerisaie de Tchekhov, et le sous-titre donné par Shaw, Fantaisie dans le style russe sur un thème anglais, justifie la référence. Mais la ressemblance reste tout extérieure ; comme Shaw reste extérieur à la maison et aux questions dérisoires qui s’y agitent ; comme les protagonistes restent extérieurs au monde et à l’Histoire. La guerre elle-même – la pièce fut écrite en 1916-1917 – n’existe pour eux que sous la forme d’un bombardement aérien, qu’ils espèrent aussi répétitif que leurs algarades quotidiennes. Le sang versé non loin d’eux leur donnera au moins l’illusion de n’être pas tout à fait exsangues.