Antigone
(Die Antigone des Sophokles)
Antigone face à Créon, le duel mythique. Dans la tragédie de Sophocle, le conflit entre le souverain de Thèbes et la fille d’Œdipe mène inexorablement à la destruction. Hegel y voyait l’incarnation du tragique : le défenseur de la raison d’État contre la protectrice de la dignité familiale, deux causes qui s’affrontent avec force et se détruisent. De retour d’exil en 1947, Brecht s’intéresse au sujet, considérant dans un premier temps le drame de Sophocle comme un refus de la tyrannie en faveur de la démocratie. Au cours de son travail, il actualise la pièce : la force inéluctable du destin est effacée et la violence apparaît au premier plan. L’essentiel pour Brecht est de montrer la violence qui accompagne le délabrement des plus hautes sphères de l’État, l’insuffisance et « la cruauté ramenée à la bêtise ». Face à la sottise et la cupidité des puissants, Antigone n’invoque pas les dieux ni le destin, mais l’humain, s’affranchissant de la tradition antique pour une approche plus contemporaine.