Tristano / Crises
Tristano commence quand le repas est fini. Des amis, des couples, des frères, sont réunis autour d’une table. Les passions vitales, la faim, la soif, ont été satisfaites. C’est le moment où l’on peut laisser remonter de soi ce qui n’a rien à voir avec le matériel, le charnel : souvenirs, récits, peines anciennes. Le moment est d’autant mieux choisi que nos personnages semblent exister en dehors de la vie, dans une sorte d’étrangeté au vivant, comme des exilés du présent, vivant dans les limbes du temps humain. On dirait qu’au-dessus d’eux planent dans l’air des ombres venant du passé.
Comme la pièce Catégorie 3:1 traitait des marginaux, Crises nous parle de ceux qu’on appelle les « fous » : maniaco-dépressifs, anorexiques, toxicomanes, traumatisés. Les voici réunis dans le foyer d’une clinique psychiatrique, où leurs échanges constituent la trame de la pièce. Miroirs de la société dont ils sont issus, comme le montra la psychanalyste Karen Horney. Contre-monde nous permettant de découvrir notre propre monde, le monde des gens « normaux », des « normopathes ». En 1998, cette pièce a valu à Lars Norén le Nordic Drama Award remis tous les deux ans à un auteur scandinave.
Ce recueil est composé des textes suivants :
- Crises (Kliniken, traduction Arnau Roig-Mora, Jean-Louis Martinelli et Camilla Bouchet)
- Tristano (Stilla vatten, traduction Katrin Ahlgren et Claude Baque)