Supermarché
(Supermarket)
Appliqué au théâtre, le grotesque incarne le principe de déformation avec un grand sens du concret et du détail réaliste. Il semble que les pièces de Biljana Srbljanović s’y réfèrent constamment. Elles font du théâtre la forme d’expression par excellence du grotesque : outrance préméditée, défiguration de la nature.
Dix ans après la chute du Mur, l’auteur nous mène, dans une petite ville autrichienne où Léo Schwartz, alias Léonid Crnojevic, est directeur d’école. Un journaliste vient l’interviewer pour son journal de province. Une belle occasion pour le directeur d’élever une sorte de monument à la mémoire de son passé de résistant dans un pays de l’Est et de lui présenter une biographie qui n’est que mensonges, inventions. Le lecteur découvre une société en pleine décomposition : la fille du directeur se prostitue tandis que son condisciple gagne son argent de poche en offrant lui aussi son corps au premier venu. La désintégration sociale semble dans Supermarché – sous une apparente normalité – bien avancée.