Sept secondes d'éternité
(Sieben Sekunden Ewigkeit)
Une octogénaire à l'allure négligée s'adresse à nous, tandis que les vapeurs de whisky embaument l'air alentour. La fierté qu'elle nous présente, la seule fierté à laquelle elle s'accroche encore et encore, comme s'il s'agissait de l'unique chose qui parvient à refléter encore son identité, est un extrait de film de sept secondes où elle apparaît nue : la première femme à apparaître nue dans toute l'histoire du cinéma. S'ensuit le récit fébrile et fragmenté de ses souvenirs qui émergent et s'entremêlent : de Berlin à Prague, en passant par Rome et Hollywood, cette femme mourante et piégée depuis sa plus tendre jeunesse dans la solitude nous livre le monologue de sa chute, au sein d'une industrie du cinéma pernicieuse et d'un milieu d'hommes dont elle ne réussit jamais à faire partie. Inspiré par le destin de la célèbre actrice et inventrice Hedy Lamarr, qui se revendiquait elle-même comme femme la plus belle et la plus intelligente au monde, Turrini livre une pièce où se coagulent lutte sans cesse réitérée pour la reconnaissance et quête de la Beauté éternelle.