Quand nous nous serons suffisamment torturés
(When we have sufficiently tortured each other)
Dans un univers proche de Misery ou de My Absolute darling (Gabriel Tallent), Martin Crimp disséque les arcanes d’un désir sadien. La pièce est sous-titrée : « Douze variations sur Pamela de Samuel Richardson », l’un des tout premiers best-sellers à scandale de l’histoire du livre. Sorti en 1740, il emprunte la forme d’un roman épistolaire, qui aurait largement influencé Les Liaisons dangereuses de Laclos. L’ouvrage rencontra un immense succès. Il y eut des réponses d’écrivains indignés, l’accusant de prôner la prostitution, dont une intitulée Shamela ; en quelque sorte le 50 Nuances de gris du XVIIIe siècle. Il connut maintes adaptations, dont celle de Goldoni.
Le dramaturge britannique Martin Crimp s’en empare à son tour. Sous la forme de variations en 12 tableaux, la pièce rejoint la forme dramatique d’Atteintes à sa vie, publiée en 2009 à L’Arche, ou de Messager de l’amour, autre pièce sur la séquestration. Dix ans plus tard, Crimp réinterroge par le prisme féminin la question du libre arbitre, du désir et des enjeux de domination au sein des relations homme-femme, et dépeint l’exploration intime, tout en mystère irrésolu, d’un acte de double dévoration.