Polly
Avant la naissance de Polly, ses parents ne souhaitaient pas connaître le sexe de leur futur enfant. Mais après sa naissance, le flou ne disparaît pas. La sage-femme est formelle : Polly n’a ni un zizi, ni une zézette, mais une ziziette. Or, personne n’aime ce qui n’est pas conforme, tout le monde veut rester sur ses sentiers habituels, même si d’autres s’avèrent tout à fait praticables. Alors le médecin exhorte les parents à le réparer, lui l’erreur de la nature, à en faire un garçon comme les autres ; et après tout, pourquoi pas ? Mais en grandissant, Polly éprouve en lui un malaise. Est-ce le fait qu’il n’a jamais senti en lui aucun amour, de même que personne n’ose en éprouver pour lui ? Ou le fait qu’il ne se sente ni fille, ni garçon, mais plutôt comme un escargot ? Si le monde veut à tout prix trancher, organiser, classifier et conformer, peut-être le destin de Polly est-il de laisser glisser ces verbes entre ses mains menues, de demeurer libre et vaporeux au gré de ses envies.