La Montagne ouverte
Dans un petit hameau de flanc de montagne, étrangement recouvert de neige en plein mois de mai, trois enfants partent joyeusement à l’école, sous l’œil bienveillant de l’idiote du village, heureuse de voir ses petits pioupious s’amuser ainsi. Mais bientôt, l’institutrice vient avertir les mères : les trois enfants ont disparu, leurs traces de pas s’arrêtant au pied du chêne. Alors le policier veut enquêter ; alors le patron veut raser tous les arbres de la forêt. Mais allongée par terre, l’idiote semble pouvoir leur parler, en s’adressant aux herbes, aux racines et à la rivière, car c’est bien la terre qui les a avalés ; la terre qui emprunte la bouche des enfants pour dire sa colère, elle qui voit ses boyaux creusés et ses poumons sciés par les hommes. Alors la terre chante afin que les parents changent, que cessent les pleurs des biches et que chacun parle la langue des forêts.