La main est un chasseur solitaire
(Die Hand ist ein einsamer Jäger)
La main est un chasseur solitaire est un carrousel où brillent les débris de corps. Des corps féminins. Calibrés, exploités, expertisés. Ligotés dans les camisoles du conformisme, enfermés dans des langues inaptes à décrire, étrangers à eux-mêmes. L'un d'eux éclabousse la faïence de son désarroi ; un autre reçoit, lors d'une soirée, la visite non consentie d'une main intrusive ; un troisième se noie dans sa détresse et échoue sur son canapé. D'autres se liguent pour crier leur révolte, éveiller les consciences et annoncer la reconquête de l'espace féminin.
À la fois poétique, drôle et corrosive, Brunner appelle, dans un esprit festif et sarcastique, à une prise de conscience collective rapide. Elle signe une déclaration de guerre polyphonique aux idéaux standardisés de féminité et aux assignations qui en découlent, nous invitant à regarder le ciel nocturne où scintillent, en silence et à jamais, le souvenir des violences subies.
Ce texte a bénéficié d’une aide à la traduction de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.