IvanOff
Ivanov est ruiné, aussi bien financièrement que moralement. Autrefois si ardent à la tâche et inspirant pour tout son entourage, il passe désormais ses journées assis à la terrasse de son domaine, ruminant sa mélancolie, incapable même d’aller porter un verre d’eau à sa femme Anna qui dépérit à petit feu ; l’a-t-il seulement épousée par amour, ou seulement pour son argent ? Ses ouvriers attendent en vain leur paye du mois et réclament des indemnités maladie dont ils ne verront jamais le jour ; encore faudrait-il qu’il rembourse son prêt à Lebedev, lui-même quasiment sur la paille. Brattberg revisite ici l’œuvre iconique de Tchekhov dans un contexte de pandémie mondiale. Mais ici, Ivanov et son abattement ne seraient-ils pas eux-mêmes ce virus qui, invinciblement, contamine tous les autres protagonistes, réduits à répéter convulsivement les mêmes actes et paroles et menés, à travers un texte fragmenté et parcellaire, à un destin funeste ?