Léonce et Léna
(Leonce und Lena)
Au printemps 1836, le fameux éditeur allemand Cotta annonce un concours de la meilleure comédie en un ou deux actes. Prix : 300 gulden. Büchner se met au travail. Malheureusement pour ses finances – car il aurait certainement empoché la cagnotte – il remet sa copie, Léonce et Léna, trop tard. L’événement fondateur de cette comédie politique et poétique : le mariage tonitruant, en avril 1833, du prince Louis de Hesse et de la princesse Mathilde de Bavière. Dans sa feuille révolutionnaire, Le Messager hessois, Büchner avait dénoncé la situation d’injustice cristalisée par ces noces : d’un côté des festivités ruineuses, de l’autre la misère du peuple. Il y a donc à la source même de cette comédie un geste politique.
Mais cette dénonciation d’une injustice locale se déploie dans une sorte de satire cosmique, où toute la création est absurde parce qu’automate, mécanique et marionnette ; l’histoire se passe dans le royaume de fantaisie des comédies de Shakespeare : un prince mélancolique et son fou fuient la cour d’un roi gâteux et trouvent en chemin une princesse vagabonde.