La Visite du chancelier autrichien en Suisse
Voici un texte qui parle de l’Autriche, de sa situation politique, mais qui se distingue radicalement de ce qu’on a pu lire jusqu’à présent à ce sujet. Il ne s’agit ni d’une pièce, ni d’un récit : ce texte est un témoignage. Lorsque Michel Vinaver apprend dans le Herald Tribune l’accueil fait au chancelier autrichien en Suisse, il en est profondément choqué. Dans l’heure qui suit, il adresse une lettre de désistement à la direction des Journées littéraires de Soleure auxquelles il avait l’intention de participer. Il ne veut, il ne peut plus y participer. Par la suite la direction lui propose d’ouvrir un débat organisé précisément à partir de sa réaction. Ce qui l’amène à exposer tout ce qu’implique cette visite historiquement et personnellement pour lui.
Tout en gardant l’Autriche en ligne de mire, Vinaver « tire » le débat vers la France et sa propre biographie. Fils d’immigrés juifs russes ayant appris ce que voulait dire antisémitisme sous le régime de Vichy, il ne se voit pas comme un rebelle, un opposant militant au sens classique du terme. Il est simplement « réfractaire ». Ce texte est donc un document dont l’intérêt dépasse de loin les circonstances qui sont à son origine. Il donne une image très claire de « l’engagement politique et social de l’auteur » et de l’attitude que chacun de nous pourrait un jour être amené à prendre.