Erich von Stroheim
Elle, l’Un et l’Autre. Ils couchent ensemble. L’Un et l’Autre, Elle avec l’Un, Elle avec l’Autre. L’Un met sa beauté et sa jeunesse au service de l’industrie pornographique ; il pense qu’il n’en a plus que pour trois ans avant que son corps ne le lâche. Elle est une femme d’affaires en pleine ascension ; elle insère l’Un et l’Autre dans un emploi du temps déjà fort chargé. L’Autre semble toujours passer à travers les mailles de la vie, ne s’engageant jamais nulle part, ni avec l’Un, ni avec Elle, ni dans le travail, ni dans le capital. Il « truque la société ».
« Aujourd’hui, c’est la journée Erich von Stroheim », déclare-t-il dès le début de la pièce. Stroheim fut non seulement l’un des plus grands cinéastes des années vingt, mais également un mystificateur de génie. Contrairement à ce que laisse croire son nom, il n’était pas issu de la noblesse, c’était un Juif viennois sachant magnifiquement interpréter et satiriser les officiers prussiens de l’époque. Stroheim, c’est le modèle de l’Autre. Serait-il le personnage emblématique de notre époque, où l’image usurpe la réalité ?