Amerika, suite
(America part 2)
New York au début du XXIe siècle : le contraste saisissant entre le déploiement des lumières spectaculaires et l’exhibition de la misère, le luxe et la puanteur, la cocaïne non coupée et le crack, les restaurants branchés et les quais de métro hideux, les portiers en uniforme et les rats.
Dans ce décor, des personnages qui, eux, appartiennent moins à New York qu’à une certaine bourgeoisie à présent globalisée, que l’on retrouverait aussi bien à Francfort qu’à Hong Kong, et que l’on pourrait appeler la « grande bourgeoisie précaire » : ces cadres des grandes entreprises, qui gagnent beaucoup d’argent, mais dont les revenus dépendent de choses par définition instables : le cours de la bourse (ou l’honnêteté des comptes).
Le destin de Karl qui vient de perdre son emploi pourrait être appelé tragique si le fait d’être licencié n’était pas devenu banal. Les souffrances du héros auxquelles on assiste ou la terreur que dégage la situation sont comme un reflet lointain de la tragédie antique. Et pourtant, les mécanismes complexes de notre économie et de la vie sociale qui en découle ont presque atteint le degré d’insondabilité des voies du Seigneur. La tragédie a disparu, laissant la place à la satire.