Edward Bond est décédé dimanche 3 mars 2024
04/03/24
Edward,
Ton regard aussi acéré que ta plume n’exigeait aucune concession. Tu étais totalement intransigeant vis-à-vis du drame, qui était selon toi périmé et devait renaître. « Brecht, contemporain ? Ce poète du goulag n’a rien compris. Le drame moderne c’est autre chose. C’est la troisième guerre mondiale », m’avais-tu invectivée un jour de mai, entouré de tes paons, « my dogs ». «Je ne vais plus au théâtre. J’attends de voir comment les relations internationales évoluent, pour écrire du vrai théâtre. » Sidérée par tes mots, la colère ardente de ton regard, j’étais repartie de ces quatre longues heures d’échanges à bâton rompus, épuisée par la vélocité de ton esprit mais confiante que le drame renaîtrait. Merci pour cette cure de jouvence.
Que la terre te soit légère.
Nos pensées vont à tes proches, à ta famille et aux artistes et traducteur.ices, qui ont traversé tes drames et éprouvé cette profonde vitalité qu’il en jaillit, derrière toute l’horreur du monde.
Claire Stavaux pour L’Arche